La paire de gants
Les relations mères-filles, la suite :-)
Je vous pose le décor: une mère, sa fille, deux paires de gants. Une appartenant à la fille, l'autre à la mère. Pour être tout à fait juste, je dois préciser que nous sommes dans la maison de campagne, cela fait longtemps que je ne porte plus ces gants, ma mère non plus.
Bref.
Acte 1: jour 1
On part se balader, la mère prend les gants de sa fille, et ben du coup, la fille ceux de la mère.
Elles rentrent, chacune range dans son coin, les gants qu'elle a utilisé.
Acte2: jour 2
On part se balader.
La fille voit les gants (les siens) posés sur la table. Elle pense que sa mère les a sortis pour elle, elle les prend.
La fille quitte la pièce, en retournant chercher son manteau, elle se dit que si elle a des gants, sa mère n'en a pas puisque c'est elle-même qui les a rangés hier. Elle va donc chercher ceux qu'elle a utilisés la veille (ceux de sa mère - vous suivez?), croise sa mère dans le couloir et lui donne les gants.
La mère ton autoritaire: "Donne les moi!"
La fille un peu surprise pas le ton employé, et se disant secrètement que le mot magique, c'est bien aussi pour les grands! "Tiens, je viens de les descendre pour toi"
M: "Ha ben oui, merci bien, ça fait 15 minutes que je les cherche partout"
F interloquée: ....
M: "T'as l'air surpris"
F: Qui essaie d'appliquer ses cours de psycho "heu oui, j'avoue que je ne comprend pas le ton que tu emploies, je me sens agressée".
M: " Ha ben dis donc, t'exagères, je sors des gants tu les prends, après il faut que je cherche partout, et en fait c'est toi qui avait les autres, je te remercie, vraiment, je te remercie"
F:" Heu oui, mais désolée, mais tu vois, ce sont mes gants, je les ai pris instinctivement. Quand je suis sortie de la pièce, j'ai réalisé que tu n'en avais pas et je suis allé chercher les tiens".
M: " Ha mais ce qui me sidère, c'est que tu n'aies à ce point pas le sens des autres. Tu ne penses pas aux autres, c'est dingue!"
F: essayant tant bien que mal de se justifier: "ben si... la preuve je te les apporte"
M: "ha oui, mais tu n'y a pas pensé avant, non mais c'est dingue!!"
F: qui essaie de garder son calme, de gérer ses émotions, de ne pas s'effondrer en larmes "Mais peut-être que c'est toi qui ne pense pas aux autres, puisque tu n'arrives pas à comprendre mon raisonnement?!"
M super énervée, excédée "de toutes façons, tu ne penses jamais aux autres, voilà! Et puis, ça suffit, on en reste là"
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J'ai essayé d'analyser tout ce qui s'est joué ici. De comprendre pourquoi ça me touche, ce qu'elle essaie de gagner et comment faire pour que ça n'arrive plus....
Je vous donnes mes pistes, je suis preneuse de toute suggestion!!
Ce qui s'est joué: une mise en scène de toute pièce de sa part: positionnement de mes gants sur la table: mise en place de l'action.
Puis "surprise": agression alors que non nécessaire, avec arguments non valables mais sur lesquels on ne peut rien dire "j'ai cherché pendant 15 minutes" (qui devaient être tout au plus 2 minutes) des gants qu'elle savait ne pas avoir rangé (alors qu'elle les cherchait dans sa chambre, dans laquelle je n'ai pas vraiment le droit d'aller): mise en place de culpabilité et de la déstabilisation.
Puis coup final: "de toute façons tu ne penses jamais aux autres". sur lequel on ne peut rien dire puisque c'est elle qui décide que l'acte est fini.
S'il y a un amateur, fan d'Eric Berne, qu'il se manifeste, on est dans un cas typique ici! Je ne sais juste pas comment l'analyse plus que ça...
Pourquoi ça me touche: parce que je me sens prise au piège, mal jugée par ma propre mère. Grrrr. En plus, j'aime pas les disputes.
Ce qu'elle essaie de gagner: là je ne sais pas. Assoir un pouvoir?
Comment faire pour que ça n'arrive plus: oui mais qu'est-ce qui ne doit plus arriver: la situation, ou que ça me touche autant? La situation.... ben je crois qu'il me faut un prophète de Berne. Y'en a un dans l'assistance? Que cela ne me touche plus... je ne sais pas non plus...
Pour une fois, j'ai pris du recul, j'ai tenté de ne pas craquer.
Je me suis souvenue que dans mon évaluation annuelle (au boulot), il est indiqué que je dois penser à moi en premier (j'ai pour sale habitude de penser aux autres d'abord)
J'ai repensé à ma collègue qui n'arrête pas de me dire qu'il faut que je pense à moi d'abord....
Je sais que la situation avec C. était ce qu'elle était parce que je pensais à lui d'abord....
L'argument maternel n'est donc pas juste. Mais pourquoi alors cela me touche t'il autant?